La Mameloukisation du sultanat mamelouk-II (MMS-II) : Historiographie, ordre politique et formation d’état en Égypte et en Syrie au XVe siècle
MMS-II, « Consolidator Grant » du Conseil européen de la recherche, est un projet de recherche collaboratif sur l’historiographie arabe mené à l’Université de Gand (UGent), en Belgique, de janvier 2017 à décembre 2021.
Le projet MMS-II étudie comment l’ordre politique et la vérité historique se sont construits conjointement au Moyen-Orient à la fin du Moyen Âge. Il examine en particulier la manière dont les savants/historiens arabes , au IXe-/XVe siècle, ont activement contribué par leurs contributions historiographiques, au processus de formation de l’État, identifié et conceptualisé en tant que “Mameloukisation du sultanat mamelouk”.
L’histoire du sultanat « Mamelouk » du Caire, au IXe/-XVe siècle, est traditionnellement considérée comme une période de déclin socio-économique et politique après les succès des VIIe /XIIIe et VIIIe/XIVe siècles. Toutefois, les recherches récentes sur l’histoire du IXe / XVe siècle ont permis une réévaluation de cette période, en témoignant de la richesse des transformations sociales et politiques qu’expérimentèrent les territoires syro-égyptiens, notamment dans le rapport aux processus de formation de l’État et aux logiques d’autonomisation locales et régionales. Les recherches menées dans le cadre du projet MMS-II se réfèrent à ces processus par le néologisme Mamlukisation. Le Projet MMS-II souligne que la construction de nouveaux référents mémoriels sociaux et politiques, rattachés à un souvenir glorieux de la puissance et de l’autorité mameloukes, faisaient partie intégrante de ce processus de Mamlukisation, à l’image d’une forme d’ancrage sociale de la nostalgie du passé.
Le projet MMS-II documente et analyse la production et la construction de ces mémoires sociales dans les textes contemporains, comme autant d’engagements discursifs témoignant d’idéologies politiques et de revendications à des régimes de vérité spécifiques. En cela, il s’inscrit dans le mouvement actuel de réappréciation du riche imaginaire politique islamique et de sa créativité, dans les cadres normatifs des systèmes politiques de la fin de la période médiévale et du début de la période moderne. Le projet MMS-II met ainsi en lumière des interactions entre ces imaginaires et certaines sources narratives majeures de l’histoire islamique médiévale, rédigées au IXe /XVe siècle dans le contexte particulier de la centralité syro-égyptienne sur la scène eurasienne. Ce faisant, le projet MMS-II s’interroge sur les conséquences de cette réinterprétation, si nous considérons ces sources, non seulement comme des produits et des témoins du phénomène de Mamlukisation, mais aussi comme des acteurs historiques participant à la réalisation dans le champ social et politique des transformations qui l’accompagnèrent. Par conséquent, le projet MMS-II propose la première étude exhaustive et la première interprétation historique collective de ces textes arabes.
En novembre 2021 (28-30 novembre), l’équipe du projet MMS-II organisera son colloque de clôture pour présenter les principaux résultats de ses recherches et les diffuser largement au sein de la communauté universitaire. Ce colloque de trois jours sera organisé au Caire, en Égypte, afin de favoriser l’implication potentielle des collègues et étudiants de la région. Il consistera en une série de sessions de communications individuelles avec des discutants ainsi que la présentation des résultats de recherche du projet MMS-II et une conférence principale (keynote). L’organisation de ce colloque se fera en collaboration avec plusieurs partenaires universitaires internationaux au Caire (AUC, IFAO, NVIC).
Nous acceptons les propositions de communication qui abordent les nombreuses dimensions contextuelles, textuelles et sémiotiques de la production et de la construction des mémoires sociales dans les traditions historiographiques arabes du VIIe/XIIIe au Xe/XVIe siècle. Nous sollicitons particulièrement les contributions qui s’engagent de manière critique dans l’examen d’un ou plusieurs des trois thèmes suivants :
ï Contextes : quels sont les contextes socio-économique, culturel et politique pertinents d’un texte ou d’un corpus de textes historiographiques ? Que dire du positionnement de l’auteur dans le cadre contextualisé de cette production textuelle et comment se traduit son engagement textuel, à travers des pratiques sociales telles que la concurrence et le mécénat ? Quelles relations entre les textes étudiés et ces pratiques sociales ?
ï Textes : Comment un texte historiographique et ses récits sont-ils organisés et structurés ? Comment les stratégies textuelles sont-elles développées et avec quels effets (modes narratifs, temporalités, narrateur et focalisation etc.) ? Que révèlent les relations inter- et para-textuelles ?
ï Significations : Quels sont les thèmes textuels, les objectifs didactiques et les couches de sens qui ont été communiqués à travers un texte ou un ensemble de textes historiographiques ? Comment un texte ou un ensemble de textes représente-t-il un acte de communication, ou même une performance sociale, dans des contextes discursifs complexes de relations de pouvoir ? Dans quels champs sémantiques et discursifs un texte ou un ensemble de textes pourrait-il être exploité et à quel effet ?
Un maximum de 18 propositions de communication individuelles seront sélectionnées pour être présentées et discutées lors de ces trois jours du colloque. Les langues du colloque seront l’anglais et l’arabe. Des traductions simultanées seront prévues pour assurer, au-delà des barrières linguistiques, de meilleurs échanges scientifiques. Les communications (8 000 mots maximum, en anglais ou en arabe) seront préalablement diffusées (date limite pour la soumission des communications définitives : 31 octobre 2021). Les communications orales (15 min. max) seront suivies d’une discussion approfondie avec des spécialistes invités aussi qu’avec les autres participants. Par ailleurs, les participants s’engageront à réviser leurs articles afin de les inclure dans une future publication des actes de colloque.
Le projet MMS-II couvrira la plupart des frais de voyage et d’hébergement des participants sélectionnés.
Les propositions de communications doivent inclure : le nom, un court CV, le titre de la communication, le thème de colloque connexe (contexte, textes ou signification), un résumé (max. 250 mots incluant : sujet, raisonnement, méthodologie, argument principal et/ou résultat(s) attendu(s)). Elles doivent être envoyées à mamluk@ugent.be avant le 1er avril 2021.